L'église abbatiale
Au XIIe siècle, recherchant un endroit propice à la prière, l’abbé Bernard de Ponthieu consacré Saint Bernard de Tiron, se fixa une première fois sur la commune de Brunelles (l’emplacement présumé est représenté par la chapelle St-André). Mais faisant ombrage aux moines de l’abbaye de Nogent, il obtint du Comte Rotrou une terre hors de la juridiction des moines, près de la Thironne.
Ainsi fut érigée l’église du monastère remarquable par sa longue nef romane, un lieu où les religieux se conformaient à la règle de Saint Benoît (prière, étude, méditation des textes de la bible et travaux manuels). Bernard de Tiron étendit sa réputation et s’édifièrent alors une centaine de prieurés en France et une dizaine d’abbaye en Angleterre, Ecosse et Irlande.
Ce qui frappe au premier abord dans l’architecture de l’Eglise Abbatiale de Thiron-Gardais, c’est son extrême dépouillement, sa conception d’une sobriété parfaite.
Elle est construite en grès d’Autou, cette pierre rougeâtre et robuste, que l’on appelle aussi grison ou pierre de poudingue, dont les carrières se trouvent sur la Commune voisine de Saint-Denis d’Authou.
Pour rappel, la création de l’Ordre de Tiron est contemporaine de la fondation de l’Ordre de Cîteaux et procède d’une commune réaction contre le faste, l’hégémonie et la débordante richesse de l’Ordre de Cluny.
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On accède à l’Abbatiale par la rue de l’Eglise, en descendant quelques marches qui conduisent au porche ainsi qu’à l’entrée de l’ancienne résidence du Prieur. Au-dessus du portail, se trouvent deux baies géminées en plein cintre, murées au siècle dernier, dont les chapiteaux sont sculptés de têtes fantastiques inspirées du bestiaire médiéval et de visage humains.
Après avoir poussé la porte vermoulue du portail (très belles ferrures de 1648), on pénètre dans la nef du plus pur style Roman.
Dans ses prémisses, l’Architecture Monastique Romane est une adaptation de la Halle. Thiron est un des meilleurs exemples de ce type de construction. Il traduit la volonté de sobriété des bâtisseurs qui confirmaient ainsi le rigorisme qui a présidé à la création de l’Ordre.
La nef mesure 64 m de long sur 12 m de large et un peu plus de 21 m sous la poutre faîtière. Celle-ci est ornée des armoiries des différents bienfaiteurs. Les murs ont 1,50 m à la base.
La toiture de l’église voûtée d’une charpente lambrissée en plein cintre, en forme de coque de bateau renversée, porte les blasons des principaux bienfaiteurs de l’abbaye. Le vaisseau comportait à l’origine un transept dont les deux grandes arcades en plein cintre (aujourd’hui murées) marquaient l’accès à chacun des bras.
Dans le prolongement du choeur actuel se situait le choeur de style gothique flamboyant, qui s’est effondré en 1817. Il était, d’après les descriptions de l’époque, d’un décor particulièrement riche.
L’original ayant été volé pendant la Révolution, ce chef d’oeuvre, réputé d’un grand maître (les teintes bleue et jaune pourraient évoquer l’école de Simon Vouet) est remplacée depuis par une copie, initialement exécutée par les moines pour l’Abbaye d’Arcisses.
L’hommage des puissants à la pureté et à l’humilité, vertus monastiques par excellence, symbolisées ici par Jésus enfant, c’est le thème choisi par les moines pour orner le centre de leur dévotion. Le thème retenu était certainement une évocation très directe de la générosité dont avait bénéficié la congrégation dans la première moitié du XII° siècle, de la part des rois et des princes de toute l’Europe du Nord, peut-être aussi une manière de conjurer la sévérité de la Réforme mauriste décidée par Louis XIII et en cours d’application au moment où le tableau a été peint.
Sur le mur à gauche en entrant, l’ancienne porte d’accès au cloître, bouchée en 1805. Les deux colonnes de marbre noir qui garnissent aujourd’hui cette porte proviennent de l’ancien maître-autel anéanti par l’effondrement du choeur. A côté de cette porte sont placés les splendides fonts baptismaux provenant de l’ancienne église de Gardais. Visible à la Grange aux Dîmes, une maquette en bois de chêne ciré du bâtiment principal de l’Abbaye, interprétation un peu fantaisiste, réalisée en 1866 par Arsène VINCENT, ébéniste et historien de Thiron-Gardais.
A droite, en entrant dans la nef, se trouve la pierre tombale de Jean II de Chartres, 15° abbé de Tiron auquel on doit la construction d’une grande partie de l’Abbaye. Ainsi que la pierre tombale des abbés Grimault, Guillaume (1431-1453), l’oncle et Léonet (1453-1498), le neveu, qui entreprirent la construction du choeur gothique. Le 13 juin 1428, en pleine guerre de Cent Ans, les troupes anglaises de Thomas de Montagu, comte de Salisbury (1388-1428), rançonnèrent et incendièrent sauvage l’abbaye dont le choeur roman.
De chaque côté de la nef, on a installé quatre rangées de stalles qui autrefois étaient dans le choeur du sanctuaire. Leur décor de style gothique permet d’en situer la réalisation aux environs du XVe siècle, elles sont aujourd’hui classées Monument Historique.Ces stalles se composent d’un dossier et d’une tablette mobile sous laquelle est fixée une console appelée miséricorde. Durant les longues stations de l’office, les moines s’y asseyaient légèrement afin de reposer leurs jambes. Les moines sculptaient eux-mêmes leur miséricorde et en général leur donnaient une expression en rapport avec leur personnalité.
Les belles boiseries, considérées comme ayant été offertes par le Princesse Palatine, et stalles baroques des élèves du collège (signées de l’ébéniste Mauté), récemment restaurées et qui entourent aujourd’hui le maître-Autel, n’ont, bien entendu, rien à voir avec l’esprit de dépouillement des premiers bâtisseurs. Pour l’amateur puriste d’art monastique roman, il est préférable de les oublier un instant et de concentrer son attention sur de la sobriété des murs latéraux, de la charpente et de la voûte en bardeaux.
L’église abbatiale (12e siècle) est toujours vouée au culte. Lieu de pèlerinage, sur le Chemin de Chartres au Mont Saint-Michel, l’édifice accueille également une saison culturelle (concert du Printemps Musical du Perche et Les Journées Lyriques de Chartres et d’Eure-et-Loir).
Aujourd’hui, le bâtiment est en péril : fermé en 2007, une batterie d’étaiements soutient, tant bien que mal, le mur Nord de l’édifice qui menace de s’effondrer. Les travaux ont permis jusqu’à maintenant de maintenir l’ouverture, mais jusqu’à quand ? Il est urgent d’agir pour sauver de la destruction cette église abbatiale qui vient de fêter son 900ème anniversaire.
Pour nous aider :
Glossaire
Abbatiale : Eglise d’une Abbaye.
Abbaye : Communauté et bâtiment placés sous l’autorité d’un abbé ou d’une abbesse qui accueille des moines, des moniales, des chanoines réguliers ou des chanoinesses. Les deux plus anciennes abbayes de France sont Lérins et Ligugé (IV°-V° siècle).
Abbé : Supérieur élu pour une longue période ou à vie et gouvernant à la manière d’un père de famille nombreuse la communauté des moines. le moine entrant en religion pour toute la vie, il « adopte » comme père, l’Abbé, autorité supérieure à laquelle, il doit entier respect.
Abbesse : Titre de la supérieure des Bénédictines, Trappistines et Clarisses.
Abbé commendataire : Du XVI° siècle au XIX° siècle on appelait abbé commendataire, celui qui était mis à la tête d’une Abbaye par un pouvoir extérieur (pape, roi,etc…). Il touchait les revenus mais ne remplissait pas la fonction religieuse. Tiron sera administré par des Abbés commendataires à partir de Jean du Bellay (1551-1561) jusqu’à son rattachement à la cure de St Louis de Versailles en 1782.
Anaclet II : Pape schismatique de 1130 à 1138. Ce schisme condamné par Bernard de Clairvaux au synode d’Etampes réuni à l’initiative du Roi de France, sera sans lendemain. Cette prise de position particulièrement fougeuse en faveur d’Innocent II consacre l’autorité spirituelle de Bernard de Clairvaux sur la chrétienté.
Anachorète : Religieux contemplatif qui se retire dans la solitude, synonyme d’ermite (du grec « qui s’éloigne »).
Anachorètisme : Vie religieuse des ermites par opposition au cénobitisme (vie religieuse en communauté.
Appareil : Façon de tailler et d’assembler les matériaux constituant une maçonnerie. La pierre d’appareil (pierre de taille) est en opposition à la pierre brute dite « moellon ».
Mur de clôture dans le Parc de Thiron, en « appareil irrégulier » comportant un « petit appareil allongé de briques ». La disposition associant en angle « carreaux » et « boutisses », est dite « appareil en besace ».
Arcisses (Abbaye d’) : située à Brunelles, canton de Nogent le Rotrou. Brunelles est une très ancienne seigneurie dont les possesseurs étaient chargés de la garde du Chateau St Jean de Nogent. Bernard d’Abbeville y établira une première communauté en 1107, avant de créer l’Abbaye de Tiron. A Brunelles, Tiron va créer une abbaye filiale plus tard occupée par des moniales. Cette abbaye sera saccagée pendant les guerres de religion et détruite sous la révolution. Il ne reste que quelques vestiges.
Les vestiges de l’Abbaye d’Arcisses
Augustin (Saint) : (354-430) Un des penseurs les plus influents de l’Eglise d’Occident avec Ambroise, Jérôme et Grégoire le Grand. Né à Thagaste en berbèrie, actuelle Kabylie, fils de St Monique, il reçoit à Carthage une éducation très chrétienne qui le conduit d’abord à devenir un adepte du manichéisme. Il est professeur de rhétorique à Milan à partir de 384. Le manichéisme marquera profondément son oeuvre. Il est également, sous l’influence d’Ambroise, très influencé par la philosophie néoplatonicienne qui le conduit à se convertir en 386. A son retour en Afrique, il ménera pendant quelques années une expérience cénobitique avant d’être élu Evêque d’Hippone. Son oeuvre écrite : 113 traités, 200 lettres, 500 sermons, est considérable. Les « Confessions » restent un modèle d’autobiographie et rivalisent avec les études les plus modernes de psychologie.Leur audience dépasse de très loin la seule pensée médiévale ou classique et même le seul monde chrétien. Elles ont influencé toute la pensée occidentale.
Saint-Augustrin par Philippe de Champaigne (vue d’artiste)
Autel : Table où l’on célèbre le sacrifice chrétien.Le Maître-autel de Tiron était de bois et de marbre de plusieurs couleurs, orné de colonnes qui se trouvent aux actuels fonds baptismaux et à l’autel de Notre-Dame de la Pitié.
Baie : ouverture pratiquée dans un mur pour servir de fenêtre.
Baies géminées : baies groupées par deux.
Baies géminées situées sur la façade de l’abbatiale de Tiron, au dessus du porche.
Bascher (Dom Jacques de) : Moine de l’Abbaye de Fontgombault a écrit de multiples monographies sur l’Abbaye et son fondateur ainsi qu’une étude sur la « Vita Bernardi », principal document de référence sur la vie de Bernard d’Abbeville.
Bénédictins : A la mort de St Benoît de Nurcie, trois couvents vivaient sous sa règle. Ils sont deux cents aujourd’hui mais comportent de multiples nuances et obédiences
Benoît (saint Benoît de Nurcie) : (vers 480-vers 550) Auteur de la Regula monachorum, il est le père et le grand législateur du monachisme occidental.
La règle de St Benoît « Regula Monachorum »
Né à Nurcie (près de Pérouse) en Ombrie dans une famille patricienne, il fait ses études à Rome. Vers l’an 500, dégoûté de la vie corrompue de la ville, il quitta tout et se retira à Subiaco, où il mena une vie d’ermite « Soli Deo placere cupiens » (« désireux de plaisir seulement à Dieu »), a écrit St. Grégoire-le-Grand, son biographe. Le nombre de ses disciples s’accroissant, il créé douze communautés de douze moines. Vers 525, il s’installe avec un groupe d’entre eux au Mont Cassin ( Monte Cassino) ou il rédige la règle qui portera son nom et qui organise la vie des moines sur trois principes : la célébration de l’office divin, les lectures personnelles et le travail manuel. Il semble qu’il n’ait jamais songé à être prêtre, ni à fonder un ordre. Attirés par sa sainte vie, quelques moines demeurant aux environs lui demandèrent avec insistance d’être leur supérieur et leur maître. Benoît accepta, mais, lorsqu’il essaya de corriger leur conduite de vie pas très exemplaire, ils attentèrent à sa vie avec une coupe contenant du poison qu’il brisa avec un signe de croix miraculeux.
Après avoir édifié douze petits monastères, Benoît quitta Subiaco et se dirigea vers le Sud, avec quelques disciples. On ne connaît pas la raison du choix de la montagne « sur la côte de laquelle est Cassino » (Dante, Paradis, XXII, 37), mais on suppose la contribution d’un bienfaiteur patricien.
L’Abbaye de Monte Cassino aujourd’hui pieusement reconstruite après sa destruction pendant la deuxième guerre mondiale
Agé de 70 ans, il termina son existence terrestre: peu avant de mourir, sentant que ses forces allaient manquer, il se fit transporter dans l’oratoire de St. Martin et là, les bras levés au ciel, après avoir reçu l’Eucharistie, il mourut.
Bernard de Clairvaux (saint) : (1190-1153) Il entre à 22ans (en 1112) avec trente de ses compagnons dans l’Abbaye de Cîteaux, fondées par Robert de Molesmes. Il fera de cette abbaye le centre spirituel de l’un des principaux mouvement spirituel de l’histoire. Bien que souhaitant mener une vie de prière et d’ascèse, il aura une influence considérable sur son époque : Il va notamment jouer un rôle éminant dans la condamnation du schisme d’Anaclet ainsi que des théories d’Abélard (Concile de Sens 1140). Il prêchera à Vezelay la deuxième croisade dont l’échec va assombrir la fin de ses jours. Il est un des propagateurs de la spiritualité mariale. Comme Bernard d’Abbeville, fondateur de Tiron, il aura consacré une grande partie de sa vie à combattre l’Ordre de Cluny. Son influence posthume sur la réflexion qui a présidé à la création au XIII° siècle des ordres mendiants (franciscain et dominicain), sera considérable.
Brunelles : Paroisse proche de Thiron-Gardais (lieux-dits La Tuilerie et Etang St Anne) où Bernard d’Abbeville s’établira après avoir quitté Arcisses et avant d’installer définitivement son Abbaye là où nous la connaissons. Il fondera à Brunelles sa réforme bénédictine en 1107, mais ce deuxième établissement ne sera habitable qu’en 1109. Il reste encore une humble chapelle au milieu des blés, seul vestige de cette première implantation.
Bruno (saint) : (1035-1101) Fondateur de l’ Ordre des Chartreux , l’un des grands ordres qui sont créés, comme Tiron et Cîteaux, à la fin du XI° siècle. Il professa la grammaire et la théologie à Reims et eût comme élève le futur Urbain II. Adepte de la vie érémitique, il s’est retiré près de Langres avant de fonder, en 1084, le monastère de la Grande Chartreuse et en 1094 la Chartreuse della Torre en Calabre. Il n’a pas écrit de règle particulière à son ordre qui suit le Règle de Saint Benoît. On connaît de lui des commentaires de l’Epitre de Saint-Paul et des Psaumes.
Cabanes Michel : Michel Cabanes est auteur avec Jean-Yves Lagrange, d’un très intéressant ouvrage sur l’Ordre de Tiron : Tiron et Molineuf préfacé ar Anette Mornet (voir bibliographie).
Cartulaire : (du latin Chartularium, archiviste) Recueil de chartes contenant les titres de propriété ou privilèges temporels d’une église ou d’un monastère.
Cartulaire de Tiron : Ensemble des actes (chartes) correspondant aux propriétés de Tiron. Il a été publié et annoté par Lucien Merlet (Archiviste d’Eure-et-Loir) dans la collection de la Société d’Archéologie d’Eure-et-Loir et imprimé à Chartres, chez GARNIER, en 1883. Cet ouvrage constitue une des principales sources d’information sur l’histoire de l’Abbaye.
Chapelle St Anne : Petite chapelle, située à l’emplacement de la première implantation autour de Nogent-le-Rotrou des compagnons de Bernard d’Abbeville en Ponthieu.
« Chapelle Sainte-anne »
Cénobite : Moine vivant en communauté, par opposition aux ermites qui se consacrent à Dieu dans la solitude.
Cénobitisme : Vie religieuse en communauté par opposition à l’anachorétisme.
Chapitre : Assemblée des moines après l’office de Prime pour lire un chapitre de la règle, d’où le nom de cette assemblée et du local où elle se tenait. Elle a pour but de régir la vie communautaire. Elle est suivie du chapitre des coulpes pendant laquelle les frères s’accusent ou sont accusés de leurs fautes (correction fraternelle). L’influence de la vie monastique sur la civilisation occidentale est immense, ses incidences sur notre mode de vie contemporain sont innombrables.A titre d’exemple, le chapitre est considéré comme l’ancêtre du Conseil d’Administration des sociétés anonymes d’aujourd’hui.
Chartreux (Ordre des) : Ordre contemplatif fondé par St Bruno en 1084 dans le massif désertique de la Grande Chartreuse pour restaurer la tradition anachorétique. Comme les autres ordres apparus à cette même période, cette fondation avait pour objet de concilier le cénobitisme et l’anachorétisme. Ainsi les chartreux mènent une vie solitaire particulièrement austère dans de petites maisons séparées ayant chacune un oratoire, une salle de travail et un jardin.
Choeur : Partie de la Nef d’une église se situant devant le Maître Autel où se tiennent les chantres et le cergé. Celui de l’Eglise Abbatiale de Tiron a été construit à l’initiative de Lionel Grimault, Abbé de 1454 à 1498. Il s’est effondré le 10 février 1817. Au pourtour, se trouvait une galerie dont on voit encore une des arcatures trilobées et deux petites baies géminées sur le mur du clocher.
Cidre : La fabrication du cidre était une des activités agricoles du monastère de Tiron où se trouvaient d’importants vergers de pommiers (terrasse nord et actuel cimetière). Le cidre était d’ailleurs une boisson quotidienne à l’Abbaye. Il est question de réhabiliter ce verger dans le cadre d’un projet de Parc Naturel et Historique ayant pour objet de retranscrire, à des fins touristiques et pédagogiques, les activités agricoles des moines, l’utilisation et la gestion de l’eau qui étaient au centre de la vie quotidienne de l’Ordre de Tiron comme de celui de Cîteaux.
Cistercien : Nom d’un des plus importants ordres monastiques de l’histoire, du nom de la célèbre Abbaye fondée à Cîteaux par Robert de Molesmes en 1098. L’Abbaye de la Trappe de Soligny (Orne) dont comme Tiron, Rotrou III a été le bienfaiteur, appartient à « l’Ordre des Cisterciens de la stricte observance » (plus couramment appelé Trappistes) issu de la réforme de cette abbaye par l’Abbé de Rancé en 1664.
Complies : dernière heure de l’office divin avant la tombée de la nuit pour que l’oeuvre de Dieu soit totalement accomplie. dans l’Ordre de Cîteaux et de St Dominique, les Complies s’achèvent par le Salve Regina.. A Tiron, les moines allaient ensuite se coucher (vers huit heures et demi, l’été, sept heures l’hiver) jusqu’à Matines (vers deux heures).
Cluny (Ordre de) : Créé par Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine en 909, personnage laïque qui fait don à l’Ordre Bénédictin de son domiane de Cluny d’une manière qui l’abrite de tout pouvoir temporel. Deux abbés successifs, Bernon et Odon, d’une parfaite communauté d’intention, vont savoir organiser un retour effectif à la règle bénédictine et donner à Cluny un particulier prestige au moment où les vieilles structures carolingiennes s’effondrent, ce dont ils profitent pour consolider leur souveraineté. Leur succède, un aristocrate d’un sens politique, d’une prestance et d’une éloquence exceptionnelles, Hugues qui va gouverner l’Ordre jusqu’en 1109 et qui lui donnera son plus grand prestige.
Modélisation par image de synthèse de la nef centrale de Cluny détruite au lendemain de la Révolution
Cluny est à la fin du XI° siècle le plus puissant institut monastique du Moyen-Age. La communauté clunisienne a compté jusqu’à 12.000 moines. La principale singularité de Cluny est que les communautés de l’Ordre n’ont pas à leur tête un supérieur élu, mais un abbé désigné par l’Abbé de Cluny. Le travail manuel n’y joue pas un grand rôle et la pratique de la règle y est très adoucie. C’est la prière qui est au centre de la vie communautaire conformément à l’analyse d’Adalberon de Laon en 1020 : « La maison de Dieu, que l’on croit une, est divisée en trois : les uns prient, les autres combattent, les autres travaillent. Ces trois parties ne souffrent pas d’être disjointes, chacune à son tour se charge de soulager l’ensemble ». L’excès de richesse et l’adoucissement de la règle en même temps qu’un renouveau de l’érémitisme, va être à l’origine de nouveaux systèmes monastiques : Tiron, Cîteaux, la Chartreuse, Fontgombault et Fontevrault.
Maquette de l’abbaye de Cluny
Croix aux Moines : Croix en pierre sculptée présentée dans la Salle à l’Italienne du Musée des Beaux-Arts de Chartres.La Croix aux MoinesFin de 14°siècleDécor : St François recevant les stigmates d’un côté, sa mort de l’autre.Cette croix se dressait jusqu’à la révolution au carrefour des rues du Bois-Merrain et de la Tonnellerie, devant l’Hôtel des Abbés de Tiron. Elle est assez probablement l’oeuvre des moines.Musée des Beaux Arts de Chartres.
Crosse : Bâton pastoral des évêques et abbés, recourbé en son extrémité supérieure.
Crosse de l’Abbé Jean II de Chartres, en émail champ-lever sur cuivre, XII° siècle (artisanat limousin), trouvée lors d’une fouille à Thiron-Gardais et présentée au Musée des Beaux-Arts de Chartres. Elle représente une salamandre enroulée sur elle-même. Dans l’antiquité, la salamandre était considérée comme une manifestation solaire et la légende voulait qu’elle résiste au feu sans être brûlée. Au Moyen-Age, elle symbolise l’âme méritante qui bénéficie de la protection divine à travers les épreuves de l’existence et que rien ne peut anéantir. Traditionnellement, la voir en rêve annonce une protection dans une période de trouble.
Dom : Abréviation de Dominus ; « Seigneur ». Titre réservé, chez les bénédictins, les Chartreux et les Cisterciens, aux moines qui sont prêtres.
Discipline : Formation méthodique à une conduite conforme aux prescriptions de l’Eglise. De manière plus restreinte, la règle d’un monastère ou d’une congrégation.
Dîme : Du latin « dixième ». Dixième des revenus versé à l’Eglise, depuis l’époque carolingienne, pour l’entretien du clergé, des lieux de culte et pour l’assistance aux pauvres. Avant la Révolution, la dîme était levée en nature sur le produit brut des terres selon un taux d’environ 7%.
Dîmière (Grange) : Bâtiment de l’Abbaye de Tiron construit en 1633 où était entreposé le produit de la Dîme. Actuellement menacé d’effondrement, il est situé à l’entrée du parc de l’abbaye.
Ermite : Religieux vivant seul à l’écart du monde. Désigne celui qui choisit de vivre seul pour se consacrer uniquement à la prière. Dans l’Orient chrétien, l’érémitisme a pris des formes extrêmement variées avant de gagner l’occident sous des formes plus simples. Au XI°et XII° siècle, le mode de vie des ermites, particulièrement nombreux, est retenu par les contemporains comme une voie privilégiée d’atteindre la sainteté. Au début du XII° siècle, l’érémitisme (ou anachorétisme) est à l’origine d’une véritable révolte monastique elle-même à l’origine de différentes réformes et de la fondation de nombreuses congrégations ou monastères nouveaux : Fontevrault, Tiron, la Chartreuse, Cîteaux, Fontgombault.
Fontgombault : Communauté fondée en 1091 par l’ermite Pierre de l’Etoile. Il est un des rigoristes du XII° siècle qui, comme St Bruno, Bernard de Tiron et Robert de Molesmes ont oeuvré à revenir à une plus stricte observance de la règle de St Benoît, en réaction contre le luxe de la liturgie de l’Ordre de Cluny. Bernard de Tiron a séjourné dans cette Abbaye. L’un des auteurs les plus importants sur l’Ordre de Tiron est moine dans cette communauté : Dom Jacques de Bascher.
Geoffroy le Gros : Moine de Tiron (Gaufredus Grossus), contemporain et compagnon de Bernard de Ponthieu, a écrit un récit de la vie du fondateur de Tiron vers 1130-1151 à laquelle les historiens accordent foi, sauf sur quelques points (entre autres le succès de la démarche de Bernard à Rome qui aurait été un échec). Ses écrits sont le principal témoignage de la fondation de Tiron et de la vie de son fondateur.
Gerbert d’Aurillac : (938-1003) Pape de 999 à 1003, sous le nom de Sylvestre II.
Guillaumin Théophile : Auteur d’une monographie sur l’Abbaye et de nombreux articles parus dans les Cahiers Percherons. Il était descendant par alliance du Notaire Bisson qui acheta en 1803 les bâtiments du collège restés depuis propriété de la même famille.
Henri de Bourbon-Verneui l : (1603-1668) Fils naturel d’Henri IV et d’Henriette d’Entragues, il est désigné comme Abbé Commendataire en 1607, il n’a que 6 ans. En 1603, Louis XIII le nomme également Abbé Commendataire de l’Abbaye de St Germain des Prés à Paris. Il sera au total abbé de dix abbayes. En contact étroit avec Louis XIII et Anne d’Autriche qui souhaite réformer beaucoup d’abbayes où l’observance de la règle décline. Henri va être l’artisan de la réforme de ses propres abbayes. En ce qui concerne Tiron, il y travaillera de 1623 à 1629.
L’abbaye St Germain des Prés au 18° siècle. Vaste quadrilatère fortifié limité par les actuelles rue Jacob,rue St Benoît, la rue de l’Echaudé et le Bld St Germain. Reconstruite vers l’an Mil, elle remonte en fait au VI° siècle. Elle sera à partir de 1631 la maison mère de la Congrégation bénédictine de St Maur (qui réformera l’Abbaye de Tiron)et devient sous l’influence de Dom Jean Mabillonl’un des premiers centres intellectuels de l’Europe.
Heures canoniales ou « Heures de l’Office divin » : Les sept heures du jour où l’on doit réciter les sept parties de l’office divin (Ps 119, 164), elles sont, dans le rite romain, consignées dans un bréviaire, différent suivant qu’il s’adresse à des moines ou à des prêtres séculiers . Les heures monastiques sont :
• Matines, initialement office du lever du jour, il se confondra avec vigiles, l’office de nuit.
• Laudes, chantée à l’aurore,
• Prime, célébrée au lever du soleil,
• Tierce, célébrée vers la troisième heure du jour(9h),
• Sexte, célébrée à la sixième heure du jour (12h),
• None célébrée vers la neuvième heure du jour (15h)
• Vêpres, célébrée à la tombée du jour et comporte le Magnificat,
• Complies, dernière heure de l’office avant la tombée de la nuit.
Imposte : Tablette saillante, couronnant un pied-droit ou un pilier.
Innocent II : Pape de1130 à 1143, au moment du schisme d’Anaclet.
Jean II de Chartres : 15° Abbé de Tiron, sa pierre tombale, retrouvée en 1840, est installée dans la nef de l’Abbaye.
« Jean II de Chartres »
Kilwinning : Abbaye d’ Ecosse fondée vers 1140 par des moines de l’Ordre de Tiron. Elle fut détruite en 1561. D’après la tradition, le bourg de Kilwinning serait le berceau de la franc-maçonnerie de rythe écossais, une première loge ayant été fondée par des ouvriers étrangers venus travailler à la construction de l’abbaye.
Laudes : Heure de l’Office divin monastique, chantée à l’aurore, son nom vient de laudate, l’hymne célébrant les oeuvres du créateur. Elles sont destinées à célébrer les heures du matin.
Louis de Bourbon : Fils de Monseigneur le Dauphin et petit-fils de Louis XIV, ce prince de santé fragile dont Fénelon a été le précepteur, était notoirement très dévot. Dans un texte de l’époque on trouve ses paroles prononcées au sujet de la réforme à l’occasion d’un périple qu’il effectue dans le Perche dans les toutes premières années du XVIII° siècle (il n’est pas encore Louis de France) : Le texte évoque « en ceste abbaye de Tiron, une tombe de pierre qui est au chappitre, laquelle est eslevée de trois pieds, fort grande et creuse…cette concavité est en tout temps rosoyante et humide. L’incurie de nos ancestres nous a laissé évanouir la cause de la rosoyante concavité de ceste tombe et toutefois on la tient pour chose surnaturelle et noz pères y ont eu du respect comme si quelque corps sainct y avoit été reposé… et cite Louis de Bourbon qui – nous sommes en pleine Contre-Réforme – commente : « Je voudrois que ces hommes qui se vantent d’avoir trouvé le febve au gasteau pour la pure intelligence des Sainctes Escritures, feissent quelque chose extraordinaire, comme un démoniacle délivrée par leurs exorcismes, comme a ésté celle de Laon par nos prestres et prélats ; secondement qu’ilz nous monstrassent une tombe de Tiron; tiercement une canne de Montfort en Bretagne ». Aucun autre texte n’évoque cette miraculeuse pierre (ou sarcophage), semble-t-il assez vénérée par les moines pour être installée dans la Salle Capitulaire.
Louis de Bourbon, petit-fils de Louis XIV
Louis VI, dit le Gros : (1081-1137) L’un des principaux bienfaiteurs de Tiron. Soutenu par l’Eglise, il va amener ses grands vassaux à se ranger à ses côtés, ainsi élargir le Royaume Franc et consolider le prestige de la Monarchie Capétienne. Après avoir rencontré Bernard de Tiron, il a eu pour lui une telle estime qu’il demandera à ses successeurs de tenir ses fils Louis et Philippe sur les fonts baptismaux. En 1122, il prend sous sa protection les personnes et les biens de l’Abbaye de Tiron et stipule qu’un de ses fils sera admis au nombre des religieux de l’Abbaye. En 1128, à la suite d’une maladie incurable guérie par l’intercession de Bernard de Tiron, il promulge une charte accordant à Tiron de nouveaux droits. Avant de mourir, il fait épouser à son fils Louis, Aliénor d’Aquitaine, ce qui porte les frontières du Royaume Capétien aux Pyrénées. Ce mariage reste un des événements les plus importants de la construction du Royaume capétien et de la France.
Louis VI, dit « Le Gros », protecteur de Bernard de Tiron
Louis VII, dit le Jeune : (1119-1180) Autre bienfaiteur de Tiron. En 1138, il fait un pélerinage à Tiron. En 1138, il donne à l’Abbaye un terrain situé à Paris avec droit de justice sur 31 rues. Il y sera construit l’Hôtel de Tiron, résidence à Paris des Abbés de l’Ordre. L’actuelle rue Tiron, derrière l’Hôtel de Ville est le vestige de la rue Tiron bâtie en 1250 qui commençait rue Saint-Antoine (rue François Miron) et se terminait rue du Roi de Sicile. En 1141, il entre en conflit avec Saint-Bernard de Claivaux et le Pape. Il est excommunié.
Louis VII, dit « Le Jeune »
Matines : Heure de l’office divin, initialement office du lever du jour, il se confondra avec Vigiles (l’office de nuit). Actuellement on les appelle le plus souvent Vigiles. Hymnes, Psaumes et Répons alternent avec la voix d’un lecteur offrant à ses frères un sujet de méditation. On faisait Matines à Tiron vers deux heures du matin et jusqu’à quatre heures et demi du matin. L’été les moines allaient ensuite se reposer. L’hiver ils se retrouvaient au chauffoir pour lire jusqu’au lever du jour.
Miséricorde : élément d’une stalle de choeur placé sous le siège mobile et généralement sculpté, permettant au moine de s’appuyer pendant les longs offices. Voir les stalles de l’église abbatiale de Tiron.
Monachisme : Mouvement rassemblant ceux qui se retire de la société des hommes pour se consacrer à la prière. Les principales étapes du monachisme sont :
• Pacôme
• Jérôme qui a traduit en 404 la règle de Pacôme,
• St Augustin d’Hippone et enfin Benoît de Nurcie qui définit le code du monachisme occidental, en opposition avec l’ascétisme oriental.
• St Benoît de Nurcie qui jette les bases définitives du monachisme occidental.
Molineuf : Prieuré de St Pierre de Molineuf, dépendance de Tiron située dans la commune de Saint Segondin, près de Blois.
Nombre d’Or : (Architecture) ou encore « Section d’Or » ou « Divine Proportion » est un concept à la fois mathématiques et esthétique qui remonte à l’antiquité grecque. Il est égal à 1,618033… Ce rapport est désigné habituellement par la lettre grecque j. Il s’obtient géométriquement en rabattant la diagonale d’un demi carré.
Les bâtisseurs du Moyen-Age ont utilisé de nombreux principes mathématiques dont le « Nombre d’Or » est le plus célèbre. On le retrouve non seulement dans les proportions architecturales mais aussi au centre de la conception même des sculptures, des fresques et vitraux. L’utilisation du nombre d’Or se prolonge pendant la Renaissance et jusqu’à nos jours. Entre beaucoup d’autres, Le Corbusier en a fait le fondement même de sa conception esthétique.
Le rectangle ABCD dont le rapport des côtés est égal au Nombre d’Or, a comme propriété remarquable que si l’on détache un carré ABEF, le rectangle résiduel EFDC est conforme aux proportions du premier. Et ainsi de suite soit en ajoutant ou en retirant successivement des carrés.
Le schéma ci-dessous illustre une des manières dont les moines utilisaient la « Divine proportion » en architecture. La hauteur sous la voûte correspondant à la largeur de la nef multipliée par le « Nombre d’Or ».
None : Une des petites heures, célébrée vers la neuvième heure du jour (15h), elle coupe les travaux de l’après-midi. Plus fondamentalement, elle commémore l’heure traditionnelle de la mort du Christ.
Ordres religieux : Société de religieux prononçant des voeux solennels.
Les catholiques distinguent :
• les ordres actifs, dont les membres s’occupent d’oeuvres diverses (enseignement, prédication, visite des malades et prisonniers)
• les ordres contemplatifs qui sont cloîtrés et se consacrent exclusivement à la prière.
Les principaux Ordres sont :
• les ordres canoniaux (chanoines réguliers)
• les ordres monastiques (Bénédictins, Cisterciens, etc..)
• les ordres mendiants ( Franciscains, Dominicains)
• les clercs réguliers (Jésuites, Oratoriens, Salésiens, etc…)
Palatine (Princesse) : (1652-1722) Charlotte-Elizabeth de Bavière, seconde épouse du Duc d’Orléans (Monsieur Frère du Roi). Elle aurait, d’après André Guillaumin, fait don à l’Abbaye, à l’instigation de son confesseur l’Abbé Castel de Saint-Pierre, des boiseries du choeur de Tiron. Ces boiseries réalisées par Mauté (Paris) ayant été installées en 1740, c’est à dire 18 ans après sa mort, cet ensemble d’information mériteraient d’être vérifiées.
Pascal II : (1099-1118) Pape pendant la fondation de Tiron.
Pierre d’appareil : pierre de taille, par opposition au moellon. (voir appareil)
Platon : (428-348 avant J-C) Philosophe grec. Sa pensée fait la synthèse entre le rationalisme des physiciens et le spiritualisme des pythagoriciens et se présente à la fois comme théorie de la connaissance et théorie du salut. Pour lui le monde des idées est distinct du monde terrestre. La mystique chrétienne est directement issue de la spiritualité grecque platonicienne et néoplatonicienne, courant très fort entre le III° et le IV° siècle ap. J-C. Le christianisme s’est ainsi hellénisé et cette influence est si forte que pendant les premiers siècles, il est difficile de distinguer le paganisme platonicien et le christianisme (Jean-Pierre Jossua, théologien, écrivain et psychanaliste). C’est pour beaucoup de théologiens de cette synthèse que va surgir le mysticisme, l’érémitisme et le monachisme. Les auteurs grecs et latins étaient très important dans la vie intellectuelle des monastères et les moines étaient de fait, pendant tout le Moyen-Age, les héritiers et les uniques détenteurs de la philosophie et de la pensée antique.
Prieuré : Dépendance d’une Abbaye ayant à sa tête un Prieur. L’Abbaye de Tiron avait de nombreux prieurés à travers l’Europe. De nombreuses fermes actuelles autour de Thiron-Gardais sont d’anciens prieurés.
Prime : Heure de l’office divin, célébrée au lever du soleil.
Psaume : Poème hébraïque, chanté et souvent accompagné de musique, composé entre le X° et le II° siècle avant J-C. Soixante-treize de ces cent cinquante psaumes sont attribués au roi David. L’office monastique comporte chaque semaine la lecture de l’ensemble des psaumes qui jouent un rôle majeur dans la prière et les offices monastiques. Ils constituent avec le nouveau testament, un des écrits les plus lus et les plus diffusés de l’histoire mondiale de l’écrit.
Quiétisme : Spiritualité mystique prônant une confiance totale en Dieu. Au XVII° siècle cette attitude a été défendue par Mme Guyon et par Fénelon, alors que Bossuet et Mme de Maintenon l’ont farouchement combattue.
Relique : Restes matériels d’un saint. Le culte des reliques remonte aux martyrs des premiers siècles. La relique matérialise pour le fidèle la présence du saint et sa puissance d’intercession auprès de Dieu. Le culte des reliques a connu un grand développement au Moyen-Age. Elle sont à l’origine des grands pélerinages lesquels vont devenir un phénomène important dans l’organisation et l’évolution même de la société de ce temps, induisant la création de nouveaux métiers (changeurs, commerces ambulants etc.). C’est aux bancs sur lesquels les changeurs attendaient les pélerins que les banquiers modernes doivent leur nom.
Roman de Renart : Ouvrage humoristique célèbre, écrit vers 1178, critiquant vivement (Branche III) les usages alimentaires de l’abbaye de Tiron et Renart de conclure malicieusement : « St Benoît nous recommande de ne pas nous nourrir plus mal… »
Rotrou III Comte du Perche : (1100-1143) C’est lui qui offrira les terres sur lesquelles s’installera sucessivement Bernard à Arcisses, à Brunelles, puis sur l’emplacement actuel de l’Abbaye.
Robert de Molesmes (saint) : (1027-1111) Moine qui fonde Cîteaux en 1098 après avoir regroupé en 1075 quelques ermites à Molesmes. Contemporain de Bernard d’Abbeville qui au même moment commence à créer sa communauté près de Nogent-le-Rotrou. Le parallèlisme de leurs démarches est surprenant. Il est fondateur de l’Ordre Cistercien dont St Bernard de Clairvaux fera un des principaux et des plus prestigieux ordres monastiques de l’Histoire.
Roman (Art) : Terme utilisé par les historiens et les architectes à partir du XIX° siècle pour désigner l’architecture et la création artistique qui apparait au XI° siècle.
Savigny : Abbaye fondée par Vital de Mortain et où séjournera Bernard de Ponthieu.
Sexte : Heure de l’Office Divin, célébrée à la sixième heure du jour (12h).
Scolastique : Philosophie et théologie enseignée dans les universités occidentales au Moyen-Age. Elle utilise systématiquement la dialectique c’est à dire la logique d’Aristote pour expliquer les textes. Elle fût illustrée au XII° par Abélard et au XIII° par St Thomas d’Aquin. A partir du XVI° siècle le terme prend le sens péjoratif de formalisme.
Silence : Comme dans les ordres bénédictains et cisterciens et plus généralement dans tous les ordres religieux occidentaux et dans la plupart des religions non chrétiennes, le silence est au centre de la discipline monastique ou religieuse. Cette discipline était appliquée à Tiron qui se réclamait de la Règle de St Benoît. Dans le vestibule de l’Abbaye de Tiron des pancartes avertissaient les hôtes du monastère : « On gardera dans le cloitre un perpétuel silence… On évitera la rencontre des religieux, autant qu’il est possible, en tout temps et en tous lieux ».
Stalle : Siège de pierre ou de bois de dossier élevé réservé au Clergé et situé dans le choeur d’une église. On peut admirer à Tiron, le long des murs, quatre rangées de stalles du XIII° siècle, provenant de l’ancien choeur.
Stalle, XIII° siècle
Tierce : Heure de l’Office Divin, célébrée vers la troisième heure du jour (9h).
Tiron (rue) : Rue du 6° Arrt de Paris qui est le vestige de la rue Tiron, une des plus anciennes rues de Paris, entièrement bâtie en 1250. Elle portait déjà ce nom en 1270, dû au pied à terre qu’y possédait l’Abbaye de Tiron sur un terrain offert par Louis VII en 1138. Cet Hôtel était pourvu de geôles où plus de 60 Armagnacs furent massacrés, en Juin 1418, par les Bourguignons ayant à leur tête le boucher Caboche. La partie de la rue qui est au Nord de la rue de Rivoli a été renommée, bien plus tard, rue des Ecouffes. La rue Tiron a fait partie des neuf rues que Saint-Louis avait réservées « aux femmes prostituées tenant bordel en la Ville de Paris » (Dictionnaire historique de la Ville de Paris). La partie Nord de cette rue est devenue la rue des Ecouffes vers 1300 (en vieux français Escoufles, nom donné alors aux prêteurs sur gages). Coincidence ou corrélation, un des plus grands peintres de l’Ecole française, Philippe de Champaigne (Bruxelles 1602-Paris 1674), peintre de la vie monastique par excellence, est mort au numéro 20 de la rue des Ecouffes, anciennement Tiron.
Paris, rue Tiron (4° Arrt)
Tiron : (104-4 av.J-C) Marcus Tullius Tiro, écrivain latin, né esclave il fut affranchi par Cicéron qui en fit son secrétaire. Auteur d’une biographie de Cicéron et d’ouvrages de grammaire, il inventa un système de tachygraphie, sorte de sténographie, qui porte son nom : « notae tironianae » très utilisé jusqu’au XI° siècle dans les monastères. On peut imaginer que Tiron lui doit son nom.
Trappe de Soligny : Dite aussi « Grande Trappe », Abbaye fondée en 1140 par Rotrou III Comte du Perche qui est aussi le bienfaiteur de l’Abbaye de Tiron.
Tympan : Le tympan de l’Abbaye de Tiron était peint et non sculpté. Il représentait la Vierge entourée d’anges.
Urbain II (saint) : (1042-1099) Pape de 1088-1099, ancien clunisien, confirme les privilèges d’exemption de Cluny et les privilèges de l’Abbé. Il délimitera ce qui sera appelé, « le ban sacré de Cluny ». A Clermont-Ferrand, il proclame la Première Croisade en 1095.
Vêpres : Office canonial, célébré à la tombée du jour pour remercier des grâces reçues et comporte le Magnificat.
Vital de Mortain : Ainsi surnommé d’une prébende que Robert Comte de Mortain lui avait attribuée en 1082. Il mena d’abord une vie érémitique dans la forêt de Craon puis dans celle de Fougères. C’est en 1105 qu’il vient rejoindre Bernard d’Abbeville, dans la forêt de Savigny où il fondera plus tard l’ Abbaye de Savigny laquelle deviendra plus tard comme Tiron, Chef d’un Ordre important ayant plusieurs abbayes et de nombreux prieurés en France et en Angleterre.
Yahvé/YHVH : C’est le nom que Dieu a lui-même révélé à Moïse. Les Juifs et les protestants évitent de le prononcer par respect. Catholiques et protestants le remplacent aujourd’hui conjointement par « le Seigneur », proche de la traduction du grec Adonaï.