L’ordre de Tiron

Association Ordre de Tiron

Pour obtenir plus d’informations sur l’Ordre de Tiron n’hésitez pas à consulter le site Internet de l’association : www.ordre-tiron.eu ou le site du réseau européen des anciennes dépendances de l’Ordre de Tiron : www.unjoura.com/tiron.

Après le règne de Charlemagne, l’Occident et plus particulièrement le Royaume Franc, va être victime de deux siècles d’invasion et de pillage, à l’occasion d’un grand remuement de peuples dans toute l’Europe. Vers l’an 950, ces invasions cessent, le pays se stabilise. Les communautés monastiques longtemps malmenées par les bandes armées qui déferlaient de toutes parts sur l’Europe, peuvent se fixer et prospérer.

Au lendemain de l’an mil, Raoul Glaber, moine clunisien, décrit ainsi le royaume : « On vit dans presque toute la terre, mais surtout en Italie et en Gaule, réédifier les bâtiments des églises. On eût dit que le monde lui-même se secouait pour dépouiller sa vétusté et revêtait un blanc manteau d’églises ». Rapidement, les moines triomphent et les abbés prennent le pas sur les évêques, car les monastères établis à la campagne sont mieux adaptés aux éxigences d’une société essentiellement rurale que ne le sont les évêchés.

Les congrégations sont nombreuses, mais l’énorme succès de l’une d’entre elles , va représenter le fait le plus important de l’histoire occidentale du XII° siècle : Cluny. Avec 1400 abbayes, plus de 12000 moines et une totale indépendance vis à vis du pouvoir temporel, Cluny est l’Ordre monastique le plus puissant du Moyen-Age.

L’Abbaye Chef d’Ordre était, au XII° siècle, la construction la plus monumentale de la chrétienté. Elle comportait cinq nefs de 187 mètres de long, sept tours, un transept double, une hauteur sous les voutes de trente mètres. Elle était en marge de sa puissance et de sa richesse, le premier centre culturel et artistique de France et même d’Europe, car son influence s’étendait en Rhénanie et jusqu’en Pologne. Comme Tiron, elle fera l’objet d’une tentative d’éradication après la Révolution et d’un quart de siècle de pillage et de démolition, il ne reste aujourd’hui que le croisillon méridional de son transept.

Son pouvoir semble tendre vers une véritable universalité, d’autant que le pouvoir royal est encore faible à cette époque, lorsqu’à la fin du XI° siècle, l’Ordre se trouve soudain contesté par le monde monastique lui-même. Une poignée de rigoristes de la Foi, généralement très attirés par l’érémitisme, considèrant que la démesure de sa richesse, le luxe de ses pratiques liturgiques, sa puissance, sont en contradiction avec les principes fondamentaux de l’Evangile, militent avec obstination pour un retour à la plus stricte observance de Règle de St Benoît. Cette contestation sera à l’origine d’une profonde renaissance religieuse et monastique qui va entraîner une renaissance générale du monde occidental.

Dans ce soulèvement qui s’oppose à la conception clunisienne de la pratique monastique, la civilisation du Moyen-Age puisera son extraordinaire éclat culturel et artistique et sa pleine originalité : Essor des royautés, développement de l’art roman et de l’art gothique, introduction dans l’Europe du Nord de l’Algèbre et de l’Arithmétique (à partir des abbayes du pays chartrain puis des abbayes cisterciennes) et déclenchement des Croisades.

« C’est comme si – dit Malraux en évoquant le début du XII° siècle – les masses chrétiennes, converties soudain à leur propre religion, découvraient le christianisme… Les 1400 abbayes clunisiennes, n’étaient que l’Ordre de Cluny, l’Ordre de la chrétienté commence. » (La métamorphose des Dieux)

Bernard, fondateur de Tiron est avec son ami Robert d’Arbriselles (ermite, fondateur de l’Abbaye de Fontevrault), les fondateurs de l’Ordre de Cîteaux (Robert de Molesmes et son successeur Etienne Harding) et Saint Bruno (fondateur de l’Ordre des Chartreux), l’un des principaux animateurs de ce mouvement qui est un des moments forts de l’histoire de la civilisation occidentale. Cette poignée de rigoristes de la Foi ont en commun d’être fortement inspirés par la pureté évangélique des ermites à cette époque très nombreux dans beaucoup de contrées d’Europe, entre autres en Bretagne, dans le Maine et le Perche.

Car l’anachorétisme a longtemps joué un rôle important dans l’évolution de la chétienté, la plupart des pères de l’Eglise étant issus de cette tradition. Au XI° et XII° siècle, les ermites vont jouer un triple rôle tout à fait majeur dans la propagation de la civilisation en Occident et dans le Royaume Franc, où les traditions celtiques et le paganisme, sont encore très enracinés. Ils christianisent, en même temps qu’ils défrichent, et enseignent les techniques agricoles ainsi que des rudiments de médecine et d’hygiène. Cette gigantesque oeuvre de civilisation leur vaut le respect des personnalités les plus éclairées de l’époque pour lesquels ils symbolisent l’idéal de pureté du christianisme.

Avec l’appui de Rotrou III, puis du roi Louis VI et du roi d’Angleterre, Bernard va fonder à Tiron, en 1114, malgré l’hostilité des moines clunisiens de Nogent, une première abbaye qui deviendra rapidement Chef d’Ordre de l’une des quatre principales institutions monastiques de l’époque (les Ordres mendiants : dominicains et franciscains, n’apparaîtront qu’un siècle plus tard).

Pendant 7 siècles, Tiron dirigera une puissante congrégation comptant plus de 120 abbayes et prieurés, disséminés dans les royaumes de France, d’Angleterre et d’Ecosse et en Irlande. (voir les Cartes des Prieurés)


Gravure de l’Abbaye de la Trinité de Tiron (Auteur inconnu)

Si on en croit le Roman de Renart, dès la fin du XII° siècle, l’Ordre semble déjà s’écarter singulièrement de la rigueur de son fondateur. Probablement victime de sa richesse, l’Abbaye connait une réelle décadence de la pratique monastique qui au XVII° siècle sera à l’origine de la Réforme Mauriste, décidée par Louis XIII. L’Abbé Général, Henri de Bourbon, fils naturel d’Henri IV, sera l’artisan de cette réforme à l’occasion de laquelle, en 1629, l’Ordre sera rattaché d’office à l’Ordre bénédictin. A la suite de ce désaveu officiel et de cette réforme, l’effectif des moines de Tiron ne dépassera plus la douzaine.

Parallèlement à cette réforme, le roi décidera d’installer contre l’Abbaye, un Collège Militaire. En 1778, ce prestigieux établissement acceptera la candidature de Napoléon Bonaparte dont le père, à la réflexion, préférera finalement l’envoyer au Collège de Brienne.

En 1786, un incendie détruit une grande partie du monastère. L’Abbaye sera définitivement fermée en 1791, dans le cadre de l’Abolition des Ordres Monastiques puis de la Confiscation des biens du Clergé. En 1717, le choeur s’effondre, alors que le cloître était depuis plusieurs années une carrière de pierrespour les habitants du bourg qui s’était constitué au départ des moines. Une grande partie des maisons du Centre-Ville sont d’anciennes dépendances monastiques et beaucoup d’autres maisons sont construites avec les pierres de l’Abbaye. Les bâtiments du Collège Militaire, propriétés privées depuis la Convention, sont en grande partie indemnes et en très bon état de conservation. Elles ne se visitent pas.

L’Eglise Abbatiale est classée par arrêté du 18 Juillet 1912, le Presbytère, ancienne résidence de l’Abbé, est inscrit à l’inventaire supplémentaire, en date du 17 Octobre 1962. Une première tranche de rénovation, financée par l’Association pour la Restauration de l’Abbaye, s’est achevée en 1991, dans le cadre d’un programme plus vaste de valorisation du site et des dépendances.

Au fil des siècles

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